Antheus ne sait plus à quel saint se vouer :
On 14 juin 2008 at 11:55 Anthaeus Said:
Je ne cherche pas à décridibiliser les athées, mais vous avez démontrer que leurs thèses visant à démontrer que Jésus n’a jamais existé était fausse et qu’il soutenait cette thèse par athéisme militant.
Après ça, comment leur faire confiance pour le reste.
Le secret pour savoir contrôler la qualité de l’information consiste d’abord à ne pas se fier à ce que sont les auteurs (athées, ou autres) mais à ce qu’ils disent, écrivent et font. Si vous rechercher le CV de ce Guy Fau dont font grand cas les sites mythistes, vous vous rendez compte qu’il n’est pas un historien et que s’il a bien publié quelques articles, c’est toujours dans les bulletins paroissiaux de l’union rationaliste et jamais dans la moindre revue de validation.
Je ne dirais pas que j’ai "démontré" quoique ce soit. J’ai rappelé que diverses théories mythistes avaient existé et que chacune d’entre elles présentaient une erreur méthodologique. Ces errements sont listés dès le début du "Jésus" de Guignebert dès 1933.
comparatisme structurel
Les toutes premières thèses utilisaient le comparatisme structurel dont l’archétype est "Jésus =Horus". On doit admettre qu’à l’époque où elles furent produites, au début de l’usage du comparatisme en sciences religieuses, il était difficile de faire autrement. Ce type de comparatisme était la méthode reine. Cette méthode demeure la préférée du courant mythiste ( ici et là sur des sites genre "gros mensonge de la Bible" ou Leman Lake). Ce type de comparatisme triomphe dans l’histoire des religions d’avant 1914 et subit autour de 1930 une baisse de régime. On observe que telle myhtologie reprend, apparemment, des éléments présent dans tel ou tel autre mythe et l’on conclut au syncrétisme, à l’emprunt, à l’identité de l’un et l’autre mythe et l’on tente de combler les manquants dans la documentation.
Ainsi établit-on l’identité entre l’Athena des grecs et la Minerve des romains… Mais justement, dans le culte des romains, on recherche vainement la composante nationaliste et politique de la déesse. Chez les romains, on peut se demander si ce n’est pas le genius imperator qui joue e rôle ? Partant, comment parler d’identité au sens de recouvrement de l’une sur l’autre qui ne serait dûe qu’au hasard géographique ? D’une démarche semblable, on tire la conséquence que si Jésus bénéficie, dans les écrits canoniques, d’une naissance virginale, d’une conception divine, de miracles, alors c’est la même chose que Horus et donc, Jésus n’a pas plus d’existence historique qu’Athena ou Mithra ou Horus.
On est beaucoup plus prudent, de nos jours, avec les aspects appoloniens de Lug, le principal dieu celte.
De bello orphico
C’est à partir de l’Orpheus (1918, réédité en 1925) de Salomon Reinach, et de la controverse "de bello orphico" qu’elle déclencha que l’on s’est rendu compte que ce type de comparatisme "à la louche" n’était pas opérationnel. Il se trouve, toutefois, sur wikipédia, un lobby athée radical qui interdit toute critique des thèses mythistes au nom de l’Orpheus de Reinach.
La controverse elle-même, popularisée dans divers journaux de l’époque (pas seulement dans les revues spécialisées) conduisit à comprendre que la méthodologie du comparatisme structurel n’était pas opérationnelle dans tous les contextes où elle était utilisée. La polémique est racontée dans "La crise de l’origine : La science catholique des Evangiles et l’histoire au XXe siècle" de François Laplanche, chez Albin Michel. Loisy (pour le nouveau Testament) et Lagrange o.p. (pour l’Ancien Testament) mettent doucement au point un comparatisme fonctionnel dans laquelle part des mêmes remarques mais, avant de conclure à l’identité, on cherche les preuves de contact et d’emprunt. La situation est encore plus troublante quand la recherche prouve qu’il n’y a aucun contact. On est amené à envisager que ce motif de récit, disons "une figure du discours" a une valeur propre pour le sens du récit qui est indépendante du contexte où on l’utilise. Ce type de travail me semble fonder les recherches de Dumézil sur les récits indo-européens qui unit le travail sur la langue, les textes et la structure des récits. Cette méthode s’avère bien plus opérationnelle mais, en effet secondaire, elle dézingue complètement le comparatisme structurel.
l’Union ratonaliste adopte comme "dogme"l’inexistence historique de Jésus
Pourtant les mythistes resteront campés sur cette méthode ; on se demande pourquoi ? A mon avis, il faudrait étudier l’histoire de l’Union Rationaliste depuis Paul Langevin pour avoir la réponse. Alfaric distend ses relations avec les historiens qui l’ont poussé à la Chaire d’histoire des religions de Strasbourg.
On trouve, d’ailleurs, des bouquins très sérieux à base de comparatisme structurel jusque dans les années 1955, par exemple un bouquin sur les mythologies "de tous les temps en tous les lieux" (car l’époque a de l’ambition) paru chez le très sérieux éditeur Payot. De nos jours, on est attéré mais cette évaluation a quelque chose d’anachronique à la lumière d’ouvrages postérieurs comme les travaux de Vernant ou de Vidal-Naquet dans les années 1970. Encore que, déjà en 1933, le génie grec dans la religion de Gernet et Boulanger, c’était déjà autre chose.
comparatisme fonctionnel
En ce qui concerne la mise au point d’une méthode comparatiste fonctionnelle réellement raffinée, il faut attendre, me semble-t-il, les travaux de Michel Tardieu (du collège de France) sur le syncrétismes dans les religions du 1er siècle. Il me semble que Tardieu utilise, entre autres, les travaux sur l’Avesta d’un des prédécesseurs de Jean Kellens. Si vous voulez savoir ce que cela donne, France Culture donne à partir de lundi, (de 6:00 à 7:00 AM )horaire durant lequel Kellens expose ses travaux pendant une semaine.
Je n’ai donc pas montré que Jésus a existé, seulement que les thèses mythistes furent controuvées dès les années 1933. Il résulte donc que ceux qui les soutiennent de nos jours, sans jamais présenter les pages de Guignebert qui les critiquent, le font à titre militant et se parent induement de "démarche scientifique" ou "rationnelle" ou se targuent sans la moindre raison d’incarner la raison contre l’obscurantisme.
La plupart du temps, la méconnaissance du corpus de littérature produit de 1933 à nos jours est apparente. Il est difficile d’adhérer à l’idée que la recherche n’est pas faite quand on voit :
- la bibliographie en 3 langues au bout de l’ouvrage de Guignebert lors e la première parution
- les bibliographies additionnelles données lors des rééditions après la mort de Guignebert