Croyances athées : le littéralisme des origines


La dogmatique athée dit que le littéralisme est l’orthodoxie en matière de lecture biblique. Cela doit être lu comme cela « depuis toujours » ; cette doxa tente de donner la valeur renforcée « des origines » à ce type de lecture.

avantages du littéralisme1.

C’est drôlement confortable et rassurant : toute la vérité du monde est contenue dans un bouquin. Plus de questions à se poser, plus d’incertitude, on a tout sous la main, toutes les réponses. La vie, la mort, la raison de notre existence, notre devenir, l’Histoire, la science, tout est là. Si c’est dans le bouquin, c’est forcément vrai puisque le bouquin ne ment pas. Chacun peut donc éviter la philo, l’Histoire, les sciences naturelles, la paléontologie ; ils mentent tous puisqu’ils contredisent ton bouquin de vérité absolue.

Cela donne un sentiment de supériorité terrible , celui de détenir la vérité dans son bouquin, tout le reste vient du diable. Le fondamentalisme est gratifiant :. il dispense définitivement de penser par soi-même

critique du littéralisme

Or, il n’en est rien. La lecture de la Bible ne fut jamais exclusivement « littéraliste » avant le 19ème siècle. A une époque proche de la production du premier testament, on trouve déjà les midrashim2 qui sont des contes assortis ou non de commentaires et le Talmud3 qui sont des discussions entre rabbins (on dira comme ça) qui commentent les cas d’application de jurisprudence, la valeur d’une leçon plutôt qu’une autre, le choix des mots., De même, l’exégèse médiévale recommande 4 niveaux de lecture de la Bible : littérale, allégorique, morale et anagogique ou mystique. …

La lecture littérale n’apparaît qu’au 19ème siècle quand un certain nombre d’églises protestantes conservatrices se réunissent en congrès entre 1873 et 1883. dans mon souvenir 5 congrès se réunissent pour définir « les 5 points de fondamentalisme« . En, cela, ces églises, qui se nomment elles-mêmes « fondamentalistes« , renoncent au « libre examen » qui est l’un des principes du protestantisme pour adopter 5 dogmes + celui de la lecture littérale, supposée « sans interprétation« . Le suivi des propos des diverses églises montre qu’en fait, il y a bien une interprétation particulière portant sur un corpus de textes choisis et non sur l’ensemble de la Bible.

Pourquoi cette lecture est-elle devenue la règle
dans les églises évangéliques d’origine américaine ?

C’est une réaction à la « science allemande » , expression qui désignait à l’époque l’exégèse historique et critique qui était une grande nouveauté. Le fait que les « quêtes du Jésus historique » montrent qu’on n’était pas fichu de savoir combien de fois Jésus était allé à Jérusalem parce que les 4 évangiles ne donnent pas le même nombre de voyages mettaient un certain nombre de croyants dans l’insécurité. L’exégèse historique et critique posait aussi d’autres questions au lecteur de base.

D’autre part, on se situe à la fin de la guerre de Secession. L’exégèse « allemande » était portée par des universités du Nord, Yale et Chicago. L’imposition de la lecture littérale est une revanche du Sud4 aussi nommé le « Bible belt« .

Pharisien Libéré, 2010

notes

1 Merci à Perséphone pour ce passage

2 Banon (David) Le Midrash, Paris, PUF (Que Sais-je ?), 1995.

3 Qu’est-ce que le Talmud ? (12 min) Philippe Haddad – rabbin, enseignant

4 James Barr , Beyond Fundamentalism , vers 1988

indexation

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Published in: on 26 octobre 2013 at 11:46  Comments (1)  

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  1. […] qu’on savait déjà distinguer le genre d’un récit et sa fonction, et que le littéralisme est chose relativement récente (quoique le sens littéral faisait déjà partie des différents degrés de lecture envisagés, […]


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