L’homosexualité existe depuis la nuit des temps
L’homosexualité ancienne n’est pas la même. L’homosexualité d’aujourd’hui, ce sont des gens qui se choisissent et aspirent à vivre en couple, voire à fonder une famille, un projet qui n’était pas imaginable avant qu’elle soit dépénalisé.
Dans l’antiquité, les relations sexuelles n’étaient pas fondées sur la différence de sexe mais
- sur le statut « libre/non libre » : à Rome, il était honteux d’avoir des relations sexuelles entre hommes adultes libres pour celui « réputé passif » mais pas pour l’autre, mais pas honteux de sauter un esclave spécialement s’il s’agissait d’un gamin élevé pour ça , les pueri delicati,
- ou sur l’idée d’une « pédérastie éducative » i.e. pour une durée limitée c’est à dire un âge de la vie. C’était comme ça chez les grecs1 et ça continue de rouler comme ça chez les Baruyas2 de Nouvelle-Guinée
Pourquoi les gays dérangent-ils plus que les lesbiennes?
Étant donné que depuis le bronze récent jusqu’au 19ème siècle , la femme est une marchandise et le mariage un accord commercial, on lui demande rarement son avis, a fortiori sur son orientation sexuelle.
La littérature du 19ème et jusque 1930 environ, est pleine de gays et de lesbiennes mariés dans des ménages3 hétérosexuels4, malheureux en mariage ou ayant un arrangement avec la dame qui, elle même, n’a aucun appétit pour le sexe dit fort.
En revanche, l’homosexualité masculine est décriée depuis Sumer 5 pour celui qui « s’y comporte comme une femme », celui que d’aucuns nomment passif parce qu’ils calquent la sexualité homosexuelle sur le modèle de la sexualité hétéro du 19è.. On en trouve des échos dans les tablettes relatant des procès à Sumer et Babylone, et plus tard dans la poésie de Catulle. Augustin d’Hippône6 demande carrément « pourquoi se conduire comme une femme quand on a la chance d’être un homme ? ».
C’est donc la supériorité sociale des mâles qui est atteinte par la gayté. En ce qui concerne les femmes, vu leur surface sociale, il n’y a pas lieu de s’en soucier. C’est pourquoi jil est permis de rire quand certains tentent de stigmatiser les lesbiennes à coup de Paul de Tarse qui parle des femmes et de « modifier l’usage naturel de leur sexe« . C’est plus probablement aux recettes de contraception qu’il pense parce que, du fait de es affaires, ‘il fréquentait les ports et que Corinthe, qui faisait « bordel de la méditerranée« , recevait les nouvelles recettes directement en provenance d’Egypte.
notes
1 et chez les celtes : Bernard SERGENT, Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens, Payot & Rivages, 1996.
2 Maurice Godelier, « L’humanité n’a cessé d’inventer de nouvelles formes de mariage et de descendance »
3 comme les artistes américaines de blues Ma Rainey, Bessie Smith, Ethel Waters et Gladys Bentley
4 Florence Tamagne, Histoire de l’homosexualité en Europe (Berlin, Londres, Paris, 1919-1939) aux éditions du Seuil (2000), et Mauvais genre ? Une histoire des représentations de l’homosexualité aux éditions de la Martinière
(2001)
5 Véronique Grandpierre, Sexe et amour de Sumer à Babylone, Folio histoire, inédit, éditions Gallimard
6 cité dans Boswell (John) Christianisme, tolérance sociale et homosexualité. Les homosexuels en Europe occidentale des débuts de l’ère chrétienne au XIVe siècle.
indexation
homophobie, lesbophobie, Statut des personnes homosexuelles, LGBT, Florence Tamagne, Florence Dupont, Véronique Grandpierre, Pueri Delicati, Catulle, Sumer