Quelle est la différence entre une croyance et une conviction ? quels sont respectivement leurs points forts et leurs points faibles ? A mon sens, il faudrait ajouter à cet échantillon, l’opinion, la foi, la vérité, la connaissance et le savoir. J’ai du mal à séparer le bouquet.
En matière de croyance, il faudrait aussi distinguer « croire en » et »croire que« . Par exemple, je crois que le ciel est bleu. Cela décrit une réalité (bon, pas aujourd’hui, mais on va dire au printemps) pourtant, je sais que l’atmosphère n’ a pas de couleur et que c’est un tas de phénomènes physiques qui lui donne cette aspect. Mais si je dis à mon pote Gabriel que le ciel est bleu, il verra d’autant moins la chose comme moi qu’il est aveugle. Cela na donc pas le même sens pour lui et pour moi. S’il me dit « je crois que le ciel est bleu », il se fondera sur le fond de l’air et la température. Je comprendrai qu’il fait 18°C. et qu’il n’y a pas de vent mais cela ne me dira rien de la couleur du ciel qui peut être nuageux. Tandis que « croire en » c’est faire confiance, ce qui provient de l’expérience comme de l’intuition (« croire en Dieu, en sa bonne étoile, en l’inspiration de la Bible« , etc…)
Par la dessus, les philosophes anciens opposent la croyance (une opinion) à la connaissance (une certitude). Quand on voit le nombre de leurs certitudes qui se sont avérées controuvées, on se dit que l’opposition n’est pas si valide. Sauf erreur, Descartes définit la croyance comme l’assentiment à une proposition ou à une doctrine qu’on estime vraie. On n’est pas loin de l’assentiment au dogme mais dogme, ça vient de doxa en grec, qui signifie opinion.. Là on boucle et on ne peut dire qu’on se rapproche de la vérité. Hume, d’ailleurs, pense que la connaissance n’est qu’une forme particulière de croyance : en effet, la connaissance est vraie selon l’état de l’art dans une société géographiquement et historiquement située. (e.g. : »la terre est plate » coïncide avec l’état de la science pendant un certain temps)) Kant voit 3 niveaux de croyance
- l’opinion est une croyance insuffisante ;
- la foi est une croyance satisfaite d’elle-même, mais objectivement insuffisante;
- lascience est une croyance vraie ; dans ce troisième état, il prolonge Hume.
Si la connaissance est une croyance vraie, comme le disent les maîtres ci-dessus, on est amené à se demander ce qu’est la vérité si la connaissance « vraie » dépend de l’époque et du lieu ? .. « Autour de Dali, tout est vrai sauf moi » disait le peintre… tandis que certains préfèrent asséner leurs certitudes « sous peine » (d’aller en enfer, d’être un débile mental, un névrosé,… ce qui revient au même dans des domaines de références idéologiques différents), à savoir des convictions fossilisées, je propose qu’on se penche sur la façon dont John Dewey la pensait. C’est qualité de la méthode par laquelle on la trouve, et donc le consensus sur un protocole, qui fait qu’une assertion peut être raisonnablement vraie quoique cet état ne bénéficie pas de l’éternité. Comme je n’ai ni les compétences ni le goût de développer, voici une proposition d’écouter un exposé de
la théorie de la vérité de Dewey. C’est encore écoutable et téléchargeable.
Pharisien Libéré, 20 nov 2012
notes
si vous êtes curieux
indexation
Platon, David Hume, Emmanuel Kant, croyance, conviction, raison, foi, méthode, vérité