CROYANCES ATHEES (3)


Visite de Via Veritas

La curiosité s’allume chaque fois qu’on parle de « vérité »

Il s’agit d’un site nouveau monté par des Témoins de Jéhovah repentis, ce qui constitue une originalité. Il propose aux Témoins de Jéhovah un chemin vers l’athéisme, sans négliger la désintoxication des catholiques dans un grand élan d’œcuménisme, comme le montre la citation suivante :

Via Veritas + Skeptic’s Annotated Bible + Plan de lecture biblique | 1+ Le Gros Mensonge de la Bible =Gros problèmes en perspective pour les Romains fondamentalistes.

Il s’agit d’un site « d’évangélisation à rebours » mais la perspective jéhoviste demeure dans l’attitude missionnaire.

de quoi est fait un site athée ?

Il contient le plus souvent des exposés théoriques. De plus en plus de sites athées répercutent

  • l’idée que la Bible est un mensonge dans son ensemble
  • les thèses mythistes, c’est à dire l’opinion que Jésus n’a pas eu d’existence historique, de Prosper Alfaric à Michel Onfray | 2

Celui-ci ajoute des textes spécifiques dénonçant les doctrines et les pratiques des Témoins de Jéhovah.

que valent les références fournies par ces sites ?

Dans un premier temps, tous s’adressent à des chrétiens qui croiraient les 2 énormités suivantes :

  • que la Bible est un livre d’histoire au sens où ce mot s’entend depuis Michelet,
  • qu’elle a été composée d’un seul trait comme le roman de Dan Brown et par un seul auteur.

Par exemple, la plupart d’entre eux sont basées sur une représentation fondamentaliste des croyances de leurs visiteurs adeptes d’une religion chrétienne ou d’une autre. En quelque sorte, ils ne posent de problèmes qu’à un petit public, celui qui les évite soigneusement.

Pour un public cultivé, même croyant, on se rend vite compte qu’ils débitent autant de doctrines que les divers fondamentalismes. Par exemple, sur le Forum Zététique, 2 fils démonétisent les prétendues révélations de ce genre de site :

Les sites athées s’étendent donc sur des contradictions tout à fait illusoires. Outre la Bible dévoilée (présenté sur le site de Via Veritas, avec des conclusions que répudieraient leurs auteurs), on s’étonne que cet ouvrage de base ne soit pas connu :

  • Pierre Bordreuil, Françoise Briquel-Chatonnet , Le Temps de la Bible (possiblement presses du CNRS).

Cela leur éviterait de parler « d’anachronisme de la Bible » là où il faut parler de « compilation de 2 sources« , ou de « chronique du temps présent au travers d’un thème choisi dans le passé » (flagrant quand on considère les 2 livres des Rois et les 2 livres des Chroniques dans la version en hébreu, voir de « midrash pesher » qui est un genre littéraire d’actualisation … romanesque si cet anachronisme m’est permis). Demanderait-on des comptes sur sa cohérence dans le suivi des personnages à un recueil qui rassemblerait les contes de l’Humanité, ceux des frêres GRIMM et ceux de Charles Perrault ? Pourtant, les personnages et la thématique des récits sont identiques en passant de l’un à l’autre et Bruno Bettleheim3 a montré que leur vérité ne se situe pas au plan du récit. On comprend donc que ces sites se basent sur un archétype de croyant tout à fait illusoire, l’homme de paille construit aux fins qu’il soit plus facile à abattre. Surtout, on comprend dès cette observation que les auteurs ne se sont pas renseignés sur la recherche actuelle sur la composition de la Bible non plus que sur la composition des évangiles. Rappelons que les découvertes de Qumran Scrolls, Manoscritti di Qumran, manoscritti del Mar Morto [en italien]. Ces rouleaux ont montré que chacun des livres actuellement réunis sous une même couverture furent d’abord des rouleaux de récits séparés, connaissant des rédactions diverses. Le Canon, qui les réunit dans un même livre afin de donner une autorité à certains d’entre eux, est une invention tardive.

La recherche est-elle uniquement théologique ?

Les sites athées vont même jusqu’à propager l’idée que la critique des textes bibliques ne serait pas faîte, comme le montre cette citation tirée d’une page du Cercle Zététique :

Le CZ revendique le droit du public à une histoire démythifiée des religions, établie selon les critères habituels en usage en histoire. Il estime qu’il est dommageable que l’étude des origines chrétiennes reste un domaine réservé, dans lequel textes et documents échappent à une méthode critique de routine.

Cette critique est faite depuis plus de 100 ans. Le seul problème est la diffusion des travaux auprès du grand public, au moins dans les pays latins d’Europe, au contraire des pays anglo-saxons. Cela est sans doute dû à l’impact de la Crise Moderniste dans les pays à majorité catholique.

La recherche exégétique est-elle uniquement le fait de chercheurs confessionnels ? Voici un échantillons des lieux universitaires, donc laïques, où se pratique ce type de recherche. Comme l’explique Claude Langlois, dans son article « Aux origines des sciences religieuses en France : la laïcisation du savoir (1810-1886) », cette recherche a échappé aux personnels ecclésiastiques depuis Ferdinand Buisson.

Aux USA, la recherche se fait dans les Divinity Schools ; le personnel est donc fréquemment confessionnel. Le pluralisme confessionnel organise un contrôle mutuel et le dialogue entre eux. On trouve même une école juive du nouveau testament. Seuls les fondamentalistes ne participent pas (de leur fait), ou dans des institutions qui leur sont propres, c’est à dire sans accepter de confronter leurs travaux à ceux de leurs pairs.

Voici quelques institutions 100% laïques et 100% d’état qui étudient ces sujets :

Tout se passe donc comme si la documentation des sites athées et mythistes n’avait pas été mise à jour depuis le milieu du 19ème siècle

L’effacement des sources

Le gros problème est que ces sites athées se recopient les uns les autres et, de ce fait, accumulent les erreurs :

  • erreur de méthode : tous proposent des lectrures de la Bible en langue vernaculaire. Aucun n’a l’idée de proposer des lectures en langue d’origine, comme on en trouve dans Encyclopedia of New Testament Textual Criticism [en] ou le Journal of Hebrew scripture
  • Aucune prise en compte du contexte historique, non plus que de l’évolution de la science historique qui ne naît qu’au 19ème siècle.

Dès qu’on sait ce qu’est l’histoire et même l’épistémologie de l’histoire, voire un peu d’histoire des littératures anciennes, on sait que ces sites sont « de gros mensonges », ou plus exactement, des sites parfaitement incultes. Ils n’ont jamais entendu parler des diverses théories de composition de la Bible

Bien entendu, ces remarques n’ont pas l’objectif de prouver que la Bible est un livre d’histoire au sens où Georges Duby, ou Pierre Vidal Naquet faisaient de l’histoire.

Des sources en vase clos

La liste des la liste de soit-disant historiens présentés et répétés d’un site à l’autre, n’ont laissé aucun souvenir dans la profession. Même le professeur Alfaric, si prisé des sites mythistes, n’a jamais publié ses théories sur Jésus dans des revues de premiers rangs auxquelles sa position lui donnait accès. On ne trouve donc aucune théorie mythiste signée Alfaric dans

  • La revue d’histoire des Religions, fondée par Louis Guimet
  • non plus que dans la Revue d’Histoire fondée par Gabriel Monod

Ces théories ne sont publiées que « dans des bulletins paroissiaux » comme les Cahiers de l’Union Rationalistes ou le Bulletin de l’Association Ernest Renan, malgré les liens professionnels et amicaux que le professeur entretenait avec Alfred Loisy ou Charles Guignebert qui dominaient la discipline à l’époque, le premier au Collège de France et le second à la Sorbonne.

On donne à Renan une postérité douteuse ; Renan, Loisy, Turmel, Guignebert, ne furent jamais des tenants de la thèse mythiste. On donne à croire que leurs travaux préparèrent le terrain à Couchoud (médecin, Poète érudit, japonisant et helléniste, bref, rien qui le destine à l’histoire), ProsperALFARIC, MOUTIER-ROUSSET, STEPHANE, LAS VERGNAS, ORY, FAU et quelques autres,en Russie, LENZMAN et dans les pays anglo-saxons , on met en avant G.A. WELLS dont le « Did Jesus exist ? » est paru vers 1986.

Un curieux manque d’esprit critique les empêche de voir que ces auteurs ne sont pas reconnus dans le milieu universitaire ; quelques uns, alerté, parlent de complot « de l’Eglise » et « censure de la critique », c’est à dire qu’on invoque la théorie du complot.

Le mythisme remonte plus loin que cela comme le montre tour d’horizon du mythisme | 4 qui montre que la première thèse mythiste remonte à 1830.

Des ressources encyclopédiques et académiques

Plutôt que de fréquenter des sites qui disent n’importe quoi sous couvert de rationnalisme, voir plutôt pour les débutants :

et pour les plus avancés qui veulent en savoir plus sur la fabrication du nouveau testament (c’est en anglais) :

  • Synoptic Problem Website qui propose un panorama de plus de 1000 théories viables d ela généalogie des évangiles,
  • New Testament Stemmatics qui expose l’une des méthodologies de la critique textuelle, et par là même répond aux questions de « contradictions »
  • critique radicale qui expose l’une des méthodologies de la critique textuelle, et par là même répond aux questions de « contradictions »

Enfin, pour ceux qui veulent vraiment tomber de leur arbre en considérant ce que des auteurs le plus souvent chrétiens disent eux-même de leurs écritures (C’est en anglais)

  • Journal of Higher Criticism qui expose les points de vue les plus avancés en matière de critique radicale biblique. Cette revue existe depuis 1994 en ligne mais les auteurs qui fondèrent le higher criticism publièrent vers 1850 (mille huit cent cinquante)

Conclusion

On ne peut rien fonder de sérieux sur des sites de propagande…. si votre propos consiste bien à vous informer sur la critique biblique, vous devrez apprendre à choisir vos ouvrages et ne pas vous contenter de publications remplies d’à peu près et d’approximations. Ces sites se révèlent, au bout de l’étude, des sites de propagande anti-religieuse. Outre les articles présentés ci-dessus, qui sont des bases de départ, le blogroll du Pharisien Libéré propose quelques sites d’initiation

notes

  1. [ remonter ] qui prétend mettre en relief les « contradictions de la Bible » par un plan de lectures associant Ancien et Nouveau Testament
  2. [ remonter ] qui considère qu’on en sait assez sur le Christianisme quand on a lu « la Résistance au Christianisme » de Raoul Vaneigheim
  3. [remonter ] Psychanalyse des contes de fées
  4. [remonter ] dont le plus gros est dû à Benoit Monfort, collaborateur du Pharisien Libéré

mise à jour du 11 janvier 2007

Le Jesus Seminar annonce un Jesus Project, voir les détails sous le lien. Voir aussi les commentaires qui seront donnés chez Targuman.

Published in: on 21 novembre 2006 at 5:51  Comments (18)  

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18 commentairesLaisser un commentaire

  1. Bonjour et merci pour cet article auquel je me suis permis de renvoyer sur mon propre blog.
    Juste une question, pourquoi (3) ? ou peut-on trouver les parties 1 et 2, si elles existent ?

  2. Merci pour les commentaires élogieux sur votre blogue.

    La partie 1 se trouve sur mon autre blogue : Croyances athées.
    La partie 2 concerne la conception du salut prescriptive qu’un de vos interlocuteur dans les commentaires souhaiterait imposer aux chrétiens. Elle est encore sous le coude des rédacteurs.
    On trouve aussi : Dialectique éristique, qui traite de l’agressivité des anti-religieux. Il faudra la prolonger à l’aide du triangle mimétique de Girard dans Mensonge romantique et vérité romanesque

    Pendant un temps, j’ai eu ce blogue en blogue de secours et l’autre comme blogue de fond. Les pannes répétitives des serveurs de Free m’ont conduit à mettre presque la même chose dans les 2 blogues mais Croyances athées (3) contient dans l’autre blogue des commentaires que je n’ai pas repris ici.

    Dès que j’aurais trouvé un habillage 3 colonnes qui me plait, je mettrai votre blogue dans mes favoris.

  3. j’ai toujours su que sur le Net… Sur n’importe quels sujets, on peut trouver n’importe quoi… Prenez n’importe quel texte du passé dont vous êtes sûr de ce qu’il y a d’écrit… Tapez les mots clés sur ce texte, vous verrez que 95 % des références, c’est du n’importe quoi sur le sujet, j’en conclus que le Net est une sorte de Babel de la pensée et que des références sérieuses ne doivent se baser que sur une bibliographie de références vérifiées

  4. Bruno écrit
    j’ai toujours su que sur le Net… Sur n’importe quels sujets, on peut trouver n’importe quoi…

    Justement, le mythisme n’est pas n’importe quoi. C’est une idéologie qui monte en dépit de son peu de fondement. Plus exactement, le mythisme se prétend scientifique et nombre de chercheurs l’ont défendu… toujours avec des sources réduites, autant dire « canoniques » et toujours en fabricant une image de leur adversaire le croyant.

  5. Toutes sectes est basée sur une croyance inébranlables et je ne nierais pas cela… L’objectivité d’un croyant ne peux rien, la société en France L’ADEFI, qui se bats contre les sectes, ne juge pas des croyances mais de leurs nocivités sociale, comme la dépendance et si elles sont apocalyptique etc. J’ai le regret de vous dire que la vérité, c’est d’abord une conviction et que l’erreur est une chose commune… Jésus disait: On juge un arbre à ses résultats et je ne peux rien de plus que de constater les résultas

  6. […] 2Au passage, l’emploi unique du mot croyant montre que l’auteur n’a toujours pas intégré la différence entre foi et croyance en dépit de son observation sur la "tendance théologique" du blogue. voir Croyances athées (3) […]

  7. […] Sur le prosélytisme athée pour le dogme mythiste et sur la méconnaissance de la littérature classique par le smythistes, on peut lire “Croyances athées (3)“ […]

  8. […] Sur le prosélytisme athée pour le dogme mythiste et sur la méconnaissance de la littérature classique par le smythistes, on peut lire “Croyances athées (3)“ […]

  9. Bonjour.
    En tant qu’athée, j’apprécie votre site où je peux lire des contradicteurs cultivés qui m’obligent à me documenter toujours plus. Bravo !
    Toutefois, si je partage votre analyse sur Dubourg et ses élucubrations ( son livre est écrit par un paranoïaque qui pense être seul découvreur que la vérité est ailleurs…)je vous trouve sévère et pour tout dire légers dans votre critique de Couchoud. Dire que sa thèse est « démonétisée » ne suffit pas; il vous faut dire pourquoi et ne pas vous en tenir aux points de détails cités qui ne concernent pas la centralité de sa démonstration. J’attends mieux de vous. Merci de me faire part de vos commentaires circonstanciés.
    Vous pouvez me les écire directement à [adresse supprimée pour la sécurité antispam de l’auteur]
    Merci d’avance

    • En fait, il me semblait avoir mis l’adresse où l’on pouvait lire en ligne l’ouvrage de Maurice Goguel. Cet ouvrage fait la critique fine que vous réclamez.

      La meilleure version de l’article wikipédien sur les thèses mythistes est ancienne. Elle date du 7 juin 2008. Depuis toutes sortes de marchands de thèses qui n’ont rien de nouvelles et de contributeurs péremptoires qui n’ont jamais rien appris sont venus en supprimer les débats comme les sources.

  10. Au Pharisien libéré,

    Je ne savais trop comment vous joindre, et où poster ce présent message.
    Comme Philippe ci-dessus, j’apprécie votre site et vos analyses pertinentes, notamment sur les questions du mythisme et de l’athéisme (qui vont souvent bien ensemble!). heureux également que vous ayez repris du service!
    La « thèse mythiste » m’intéresse particulièrement, non qu’elle aie une quelconque pertinence à mes yeux, mais parce qu’elle renferme une fascinante étrangeté, qui n’est pas moins amusante par le sérieux et la verve que déploient ses promoteurs pour la soutenir.
    J’ai pensé à votre chronique quand j’ai remarqué un petit livre récent intitulé « Une invention nommée Jésus », rédigé par un amateur du genre nommé Nicolas Bourgeois. L’avez-vous lu; si oui, qu’en pensez-vous?

    Cordialement,
    Georges

  11. […] Que ce que les chercheurs chrétiens « ont fini par reconnaître » c’est ce que M. Bourgeois appelle le « mépris pour l’exactitude des faits » (je souligne). Pas plus les chercheurs chrétiens que Boismard ne parlent d’un quelconque « mépris » ou de « désinvolture » pour désigner le rapport des évangiles à l’histoire. Le vocabulaire dépréciateur de M. Bourgeois, qui n’a rien de scientifique, sous-entend que les évangélistes auraient dû rapporter dans leurs évangiles l’exactitude des faits, et s’ils ne l’ont pas fait, c’est qu’ils la « méprisent ». L’exactitude des faits, comme nous l’entendons aujourd’hui en histoire, n’est pas celle que l’on serait en droit d’attendre d’un historien de l’antiquité, a fortiori quand il s’agit des évangiles qui n’ont pas pour préoccupation première de publier une œuvre historiographique. Ce que les chercheurs savent effectivement, qu’ils soient chrétiens ou non, c’est que les évangiles ne sont pas des reportages, ni des compte-rendus journalistiques, et qu’il est donc vain de s’attendre à y trouver cette « exactitude des faits » injustement exigée par M. Bourgeois. Cela vaut aussi pour « la vraisemblance de l’histoire », notion toute subjective qui exprime des préoccupations occidentales modernes. M. Bourgeois ferait bien de comprendre une fois pour toutes que les évangélistes ne partagent pas le même bagage religieux et culturel que lui, que les méthodes et les présupposés qui sous-tendent leurs récits ne correspondent pas au souci historiographique moderne qu’il entend leur imposer. Ils ont une manière spécifique de concevoir et de transmettre la « vérité » qu’ils insèrent dans le tissus de l’histoire, « histoire » dont ils ont aussi une certaine idée issue de leur milieu culturel et religieux. Il est évident que si M. Bourgeois persiste à ignorer ces faits, son jugement en sera fatalement faussé. De telles erreurs sont fréquentes dans les milieux athées, comme le montre un article du Pharisien Libéré qui parle justement de croyances athées (voir Croyances athées (3)). […]

  12. […] Pharisien Libéré […]

  13. […] manifestement, il n’avait jamais entendu parler (faute de nom de rue, [2] sans doute ? )! croyance athée sur la thèse du blackout (un article sous peu exposera ce qu’il en est d ela thèse du […]

  14. […] 6 ***L’auteur parle d’« anomalies » qui montrent un « mépris pour l’exactitude des faits » et la « désinvolture avec laquelle est traitée la vraisemblance de l’histoire » (p. 27). Dans un renvoi à la note 33, l’auteur nous dit que « [l]a plupart des chercheurs chrétiens ont fini par le reconnaître » (p. 47), et il cite l’exégète bénédictin Marie-Émile Boismard pour illustrer ce fait. Cet agencement me paraît tendancieux parce qu’il induit que ce que les chercheurs chrétiens « ont fini par reconnaître » c’est ce que M. Bourgeois appelle le « mépris pour l’exactitude des faits » (je souligne). Pas plus les chercheurs chrétiens que le père Boismard ne parlent d’un quelconque « mépris » ou de « désinvolture » pour caractériser le rapport des évangiles à l’histoire. Le vocabulaire dépréciateur de M. Bourgeois, qui n’a rien de scientifique, sous-entend d’après moi que les évangélistes auraient dû, dans leurs évangiles, rapporter l’exactitude des faits, et que, s’ils ne l’ont pas fait, c’est qu’ils la « méprisent ». M. Bourgeois me reproche sur ce point d’entendre les choses à ma manière et parle « d’interprétation gratuite » (Réponse de l’auteur, décembre 2009). J’estime cependant que de sérieux indices confortent mon opinion. Je laisse ce point à l’appréciation du lecteurs, et je poursuis. L’exactitude des faits, comme nous l’entendons aujourd’hui en histoire, n’est pas celle que l’on serait en droit d’attendre d’un historien de l’antiquité, a fortiori quand il s’agit des évangiles qui n’ont pas pour préoccupation première de publier une œuvre historiographique. Ce que les chercheurs savent effectivement, qu’ils soient chrétiens ou non, c’est que les évangiles ne sont pas des reportages ni des compte-rendus journalistiques, et qu’il est donc vain de s’attendre à y trouver cette « exactitude des faits » dont parle M. Bourgeois. Cela vaut aussi pour « la vraisemblance de l’histoire », notion toute subjective qui exprime des préoccupations occidentales modernes. M. Bourgeois ne peut feindre d’ignorer que les évangélistes ne partagent pas le même bagage religieux et culturel que lui, que les procédés et les présupposés qui sous-tendent leurs récits ne répondent pas aux critères historiographiques modernes. Ils ont une manière spécifique de concevoir et de transmettre la « vérité » qu’ils insèrent dans le tissus de l’Histoire, « Histoire » dont ils ont aussi une certaine idée issue de leur milieu culturel et religieux. Il est évident que si M. Bourgeois ne tient pas compte de ces faits ou les néglige, son jugement en sera fatalement faussé. D’où la nécessité d’introduire comme il se faut cette littérature qui en grande partie déroute nos esprits modernes. De telles méprises sont malheureusement fort fréquentes dans les milieux athées, comme le montre un article du Pharisien Libéré qui parle justement de croyances athées (voir Croyances athées (3)). […]

  15. […] 2- Voir « croyances athées«  […]

  16. […] encore, Madame Sallenave applique un dogme athée selon lequel la doctrine ou la discipline la plus fondamentaliste, la plus rigoureuse serait […]

  17. […] que, quand je me paie les dogmes athées, la plupart des athées font grise mine tandis que les autres, m’insultent et me […]


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